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(92) Le barreau des Hauts-de-Seine mis à l’honneur lors de la finale du Concours de plaidoiries du Mémorial de Caen

(92) Le barreau des Hauts-de-Seine mis à l’honneur lors de la finale du Concours de plaidoiries du Mémorial de Caen
Publié le 02/04/2023 à 13:00

Avec son discours « T’entends pas ? Tu seras pas sauvé », l’avocate au barreau des Hauts-de-Seine Mûre Maestrati est arrivée finaliste de la 34e édition du concours grâce à sa plaidoirie au sujet des atteintes aux droits fondamentaux des populations migratoires.

Le 12 mars avait lieu la 34e finale du Concours d’éloquence de plaidoiries pour les Droits de l’Homme 2023 du Mémorial de Caen, au cours de laquelle le barreau des Hauts-de-Seine a été « représenté avec talent », se félicite ce dernier sur son site internet.

Parmi les dix finalistes en lice, Mûre Maestrati, avocate au barreau et secrétaire de la Conférence 2023, a en effet été désignée lauréate pour sa plaidoirie « T’entends Pas ? Tu seras pas sauvé », en présence du vice-bâtonnier Fabien Arakelian.

À travers son discours, l'oratrice a relaté l’histoire de 33 individus cherchant à rejoindre l’Angleterre sur une « embarcation de fortune » qui finit par se dégonfler, à la suite de quoi un combat s’engage entre la France et l’Angleterre pour savoir qui doit les sauver.

Extrait de la plaidoirie :

La nuit est claire et la mer semble calme, ce soir du 23 novembre 2021, dans les environs de Loon-Plage, près de Dunkerque. Il est environ 22h20 quand 33 individus se glissent à bord de l’embarcation de fortune qui doit les mener jusqu’en Angleterre.

(…)

L’alerte est donnée vers 1h30 du matin, possiblement par Khazal : le boudin sur lequel elle est juchée se dégonfle.

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Un premier passager appelle le Cross Gris-Nez, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage local – bref, les secours français. Ils répondent qu’ils envoient un bateau dans la foulée – mais ne le font pas.

À 2h28, le bateau, bringuebalé par le courant, est passé du côté britannique de la Manche. Nouvel appel des naufragés, que les secours anglais localisent presque en France, soit bientôt hors de leur zone d’intervention. Comprenez : une petite vague par-ci, ils sont en France, une petite vague par-là, en Angleterre – problème de compétence territoriale.

Et les secours des deux côtés de la Manche communiquent mal, se renvoient la balle – si l’on peut appeler ainsi le sauvetage de 33 êtres humains. Chaque pays pense que c’est à l’autre d’intervenir.

Le journal Le Monde s’est procuré les retranscriptions de la quinzaine d’appels passés durant cet imbroglio procédural et cynique. Dans l’un d’eux, on entend un migrant implorer : « aidez-moi, je suis dans l’eau » – et l’opératrice du Cross, agacée par le réseau dégradé, commenter en aparté : « tu n’entends pas, tu ne seras pas sauvé ».

(…)

Il semble impensable que le droit à la vie, tel que consacré à l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’Homme, ou « CEDH » comme souvent on l’appelle, puisse y être bafoué – et pourtant.

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Je n’ai eu accès qu’à des informations publiquement disponibles pour préparer cette plaidoirie. Alors, peut-être, peut-être, certains éléments de faits me manquent. Mais… je sais une chose avec certitude : aucun secours, ni français, ni anglais, n’ont fini par répondre aux appels de détresse des naufragés.

(…)

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