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(93) Avocats obligés d'accueillir leurs clients aux toilettes : un référé « mesures utiles » déposé

(93) Avocats obligés d'accueillir leurs clients aux toilettes : un référé « mesures utiles » déposé
Publié le 12/12/2023 à 16:54

Au commissariat de Bondy, les avocats se voient contraints d'accueillir leurs clients dans les toilettes, en raison d'un manque de place. Cette situation a conduit plusieurs avocats du barreau de Seine-Saint-Denis à déposer, le 6 décembre, un référé afin d’améliorer les conditions de détention.

Des consultations entre deux tirs de chasse d’eau ? C’est non ! Un référé a été déposé le 6 décembre devant le tribunal administratif de Montreuil, le 6 décembre, par des avocats du barreau de Seine-Saint-Denis, révélait hier le Bondy Blog.

« Le droit de la défense n’est pas bien considéré et la dignité humaine n’est pas assurée », affirme en effet, dans cet article, l’avocat Arnaud Dilloard, en écho aux conditions de détention actuelles au sein du commissariat de Bondy, où les avocats et leurs clients sont contraints de s’entretenir dans les toilettes du commissariat, du fait d’un manque de place lié à l’augmentation des effectifs au sein du commissariat.

Car l’explication est aussi simple que la situation est improbable  : la « salle multifonction », auparavant utilisée par les avocats pour leurs rencontres, pour les contrôles éthylotest ainsi que comme cabinet médical, avait été réquisitionnée par ces nouveaux policiers lors des événements survenus après le décès du jeune Nahel, en juin 2023.

Le problème ne date cependant pas d'aujourd'hui : il remonte au mois de juillet, période à laquelle la Bâtonnière du barreau, Stéphanie Chabauty, avait porté cette situation à l'attention du procureur de Bobigny. Malgré une relance deux mois plus tard, ce signalement était resté sans aucune réponse.

Si les autorités assurent que des travaux sont prévus pour le premier trimestre de 2024, en attendant, le commissariat a consenti à installer une table et deux chaises au milieu des urinoirs et des lavabos.

« Un mépris généralisé »

Pour Arnaud Dilloard, ce contexte est le signe d’un « mépris généralisé ». D’autant que le commissariat de Bondy n’est pas réputé pour ses conditions d’accueil. Il y a 10 ans de cela déjà, un rapport du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté faisait déjà la part belle aux nombreux problèmes d’hygiène de l’établissement des forces de l'ordre, et notamment de l’absence du kit d’hygiène (qui contient des lingettes, du dentifrice ou encore des serviettes hygiéniques pour les femmes) prévu pour les personnes en garde-à-vue. 

Un problème qui persiste toujours aujourd’hui, car, pour les 26 commissariats de Seine-Saint-Denis, en 2023, seuls 3 210 kits ont été distribués. Pourtant, Arnaud Dilloard rappelle « qu'il y a 2 500 garde-à-vue par an rien que dans la ville de Saint-Denis ». Le besoin de kits est donc essentiel à ses yeux : « quand des femmes sont placées en cellule, ce sont les policières qui leur prêtent un tampon » ajoute l’avocat. 

Une série de demandes formulées par les avocats

Alors que le temps passe et que les alertes se multiplient, des avocats de Seine-Saint-Denis, accompagnés de la Bâtonnière du barreau, ont donc déposé le très attendu référé « mesures utiles » (RMU). Parmi les demandes formulées, ils réclament l'instauration d'un espace dédié aux avocats, la garantie d'un « nettoyage quotidien » des cellules, la mise à disposition de « couvertures individuelles et propres » pour les personnes en garde à vue, la présence d'un robinet dans chaque cellule et la distribution « systématique » de kits d'hygiène. 

Après l'audience du 6 décembre 2023, une décision est attendue ce mercredi.

 

                                                                                         Romain Tardino

 


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