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Au Congrès de la profession, les notaires invités à (re)devenir les ingénieurs d’un conseil sur mesure

Au Congrès de la profession, les notaires invités à (re)devenir les ingénieurs d’un conseil sur mesure
Publié le 27/10/2022 à 09:30


Le 12 octobre, lors de l’inauguration du 118e Congrès des notaires, son président Thierry Delesalle a insisté : la profession n’a pas d’autre choix que d’effectuer un virage : « D’une culture de l’acte et du dossier, elle doit se consacrer davantage au conseil et au client. » Une « question de survie », selon lui.

 

Du 12 au 14 octobre, c’est à Marseille que l’association Congrès des notaires de France a fait escale pour sa grand-messe annuelle. Mais pas question d’emboucaner ou encore d’escagasser qui que ce soit ! Cette année, le rendez-vous du notariat a accueilli pas moins de 5 000 participants autour de « quatre temps forts » : « un temps de réflexion, un temps de formation, un temps de gestion et un temps de cohésion », a souligné en ouverture le président du 118e Congrès, Thierry Delesalle.

 

Au programme, 135 stands, de nombreux ateliers, une série de formations, sans oublier une séance solennelle, mais aussi trois sessions prospectives avec les commissions chargées d’établir des propositions pour la profession, couronnées par une synthèse scientifique. Fil rouge de cette édition : l’ingénierie notariale, que Caroline Oron, présidente des notaires de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, a résumée comme la « science juridique au service du conseil sur mesure ».

 

De la culture de l’acte au focus client

 

Derrière cette notion d’ingénierie, « rien de nouveau », a rassuré Thierry Delesalle lors de la séance solennelle. « Nous avons toujours été créateurs de droit : nos aïeux ont pratiqué le family office dès le 13e siècle ! » Cependant, ces dernières années, bien qu’ils n’aient « jamais cessé de conseiller » leurs clients, les notaires ont eu « de moins en moins de temps pour développer le conseil sur mesure », a regretté le président du 118e Congrès. Et d’avouer : « Avec le développement de la construction et des transactions, nous avons été pour la plupart complètement absorbés par la matière immobilière. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre d’actes a ainsi atteint le seuil des 5 millions en 2021. « La profession est aujourd’hui focalisée sur cette production quasi industrielle : en formant nos collaborateurs et les futurs notaires à faire des actes, et en se dotant de logiciels pour nous faciliter la tâche, nous avons organisé nos études à cette seule fin », a admis Thierry Delesalle.



Thierry Delesalle a ouvert le Congrès (© Tim Fox)


Toutefois, cette course devrait bientôt être sérieusement ralentie, notamment en raison de l’objectif « Zéro artificialisation nette », inscrit dans le Plan Biodiversité de juillet 2018 puis dans la loi Climat & Résilience, qui a pour ambition d’arriver à un équilibre entre les surfaces artificialisées et celles devant être renaturées. « À Marseille, la mairie a réduit de 90 % la délivrance des permis de construire », a illustré le président du 118e Congrès. « La baisse drastique de la construction, opposée à la demande croissante de logements, va créer davantage de tensions et les prix vont augmenter. Le rythme de transactions pourrait donc devenir beaucoup plus faible. »

 

Au-delà de la diminution du nombre d’actes, Thierry Delesalle s’est inquiété de la baisse du tarif des notaires, « épée de Damoclès depuis plusieurs décennies, et plus particulièrement depuis la loi Croissance du 6 août 2015 », et de la fragilisation de l’acte authentique, notamment avec la loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l’institution judiciaire, laquelle a conféré la force exécutoire à la transaction contresignée par avocat. « Face à ces dangers, une voie toute tracée permettra au notariat de demain de se développer : pratiquer quasi systématiquement auprès de nos clients le conseil sur mesure », a soutenu le président du 118e Congrès. Pour cela, les notaires doivent se réinventer, a-t-il considéré : « La profession doit effectuer un virage, c’est quasiment une question de survie. D’une culture de l’acte et du dossier, elle doit se consacrer davantage au conseil et au client. » 

 

Prévenir les contentieux

 

Une question de survie pour les études, mais aussi de cohésion entre les Français, a souligné Alexandre Thurel, notaire et rapporteur général. Ce dernier a observé que les contrats étaient de plus en plus sources de contentieux. Dans une société « fragmentée et inquiète », selon lui, il appartient « à l’armée de 80 000 professionnels aguerris, dont 17 000 ingénieurs notaires », de réparer les fractures, en s’appuyant sur ses capacités à prévenir les contentieux et à conduire des analyses transversales, ainsi que sur son maillage territorial « sans équivalent ». Le rapporteur général a considéré que le Congrès était ainsi l’occasion pour les notaires de s’interroger sur leurs habitudes de travail. « Accordons-nous suffisamment de temps à nos clients ? Prenons-nous le temps de les comprendre ? N’avons-nous pas tendance à nous préoccuper prioritairement des aspects techniques et administratifs en invoquant le manque de temps et la recherche de l’efficacité ? »

 

Ces remises en question doivent mener la profession à intervenir plus tôt dans le processus décisionnel de ses clients, a estimé Alexandre Thurel, et à garder à l’esprit qu’elle ne gère pas seulement des dossiers mais qu’elle accompagne des hommes et des femmes dans l’accomplissement de leur projet : « cela suppose d’avoir du temps, de l’empathie, une soif d’anticipation, de la curiosité, de l’expertise juridique et de l’ingéniosité ». « Il nous appartient ensuite de concevoir, bâtir des actes efficaces, utiles. Qui peut raisonnablement penser qu’on puisse appliquer des recettes pré-établies face à des situations de plus en plus complexes ? »

 

Par ailleurs, le rapporteur général a tenu à dissiper tout malentendu, en précisant que l’ingénierie notariale ne rimait pas avec « complexité, optimisation fiscale et gestion de fortune ». « Évitons tout contresens : l’ingénierie ne consiste pas à inventer des pratiques opaques. Elle n’est pas réservée aux patrimoines importants », a martelé Alexandre Thurel. « Toutes les familles sont en droit de recevoir un conseil personnalisé, car au-delà de notre mission régalienne, notre vocation est la délivrance d’un conseil juste et éclairé. »

La réinvention de la profession ne se fera toutefois pas sans méthode, a souligné Thierry Delesalle. « Cela suppose un profond changement dans la formation des notaires ; de créer des logiciels qui nous aideront à délivrer des recommandations pertinentes et à rédiger des consultations compréhensibles par tous ; et enfin de réorganiser nos études, de la prise en compte des souhaits exprimés du client jusqu’à l’anticipation de ce à quoi il n’a même pas pensé », a précisé le président du 118e Congrès des notaires. 

 

Trois projets numériques souverains

 

Dans l’optique de faciliter la mission du notaire, le président du Conseil Supérieur du Notariat, David Ambrosiano, a évoqué les trois projets phares du CSN, à commencer par l’autorité souveraine d’enregistrement, destinée à l’identification des parties lors d’un rendez-vous avec comparution à distance du client, en vue de la signature d’une procuration authentique. « L’an passé, j’avais évoqué son lancement : ce projet est maintenant terminé, grâce à l’ADSN (Activités et développement au service du notariat), notre usine numérique du notariat, et la société Docaposte. Nous attendons aujourd’hui sa validation par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information », s’est réjoui David Ambrosiano. Cette réalisation s’est donc faite sans recourir à une société de droit étranger ; une option proscrite par le CSN : « Nous ne pouvons pas, sous prétexte de la liberté du marché, laisser la sécurité de nos interactions avec nos clients entre les mains d’acteurs étrangers qui n’obéissent qu’à une seule loi : celle de leurs intérêts ! »

 

Autre projet, moins avancé car tout juste initié : le répertoire électronique baptisé « Réel », dont l’ambition est de créer un outil collectif, appuyé sur le Minutier Central Électronique du Notariat (MICEN), permettant de numériser les répertoires actuels, passés et futurs, afin qu’une personne ayant un intérêt légitime puisse retrouver facilement un acte dont elle ou un de ses ayants droit est partie. Un dispositif similaire au système Ciclade, de recherche des comptes en déshérence, développé par la Caisse des dépôts et consignation. Le Réel devrait « alléger considérablement » le travail des études.


Le public était nombreux à assister à la séance solennelle (© Tim Fox)

 

Pour autant, le répertoire ne disparaîtra pas sous sa forme papier ; au contraire, « ce sera certainement le dernier document papier qui subsistera dans nos études d’ici quelques années », a fait remarquer le président du CSN. « La tenue du répertoire est la caractéristique essentielle voire unique de la profession. C’est une formalité qui est loin d’être désuète ; c’est le moyen de donner corps à notre promesse de conservation des actes sans limite de durée dans le temps », a-t-il mis en exergue. « Dans un futur totalement numérisé, l’un des premiers champs de bataille des futurs conflits sera celui de la destruction des données. Tout doit être envisagé. » Le Réel sera détenu et géré par la profession seule. « Il a vocation à devenir un outil au service des Français sans compromettre le secret professionnel auquel nous sommes assujettis, et sera conservé dans nos études, pour diviser le risque », a ajouté David Ambrosiano.

 

Troisième projet stratégique : l’intelligence artificielle au service de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ; une « ardente obligation », selon le président du CSN. Objectif : doter la profession d’un outil permettant de mieux détecter les anomalies et d’alimenter Tracfin, le service de renseignement placé sous l’autorité du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.

 

Pour David Ambrosiano, ces trois initiatives sont « des sujets de souveraineté ». « Le CSN continuera de défendre une certaine conception du notariat, marquée par la dimension régalienne, car il n’est pas concevable d’imaginer qu’une profession qui réalise 5 millions d’actes authentiques par an, enregistre 400 000 dispositions de dernière volonté, manie 1 000 milliards d’euros de fonds clients, collecte plus de 35 milliards d’euros d’impôts pour le compte de l’État, sans coûts et en toute sécurité pour ce dernier, de penser que cette profession n’est pas stratégique pour la nation. Il n’est pas concevable d’accepter que cette profession puisse être soumise à la loi du marché, au risque de la livrer à situation de dépendance au mieux, d’insécurité au pire. » 

 

Des pistes pour simplifier le droit

 

En-dehors des chantiers numériques destinés à fluidifier la pratique, David Ambrosiano a évoqué les propositions d’amélioration émises par le Conseil Supérieur du Notariat dans le cadre des États généraux de la Justice. En juillet dernier, le CSN a en effet remis à la Première ministre et au ministre de la Justice un recueil documenté de 15 propositions de simplification, en matière de droit des successions, d’adoption, de pacs, d’opérations de partage, de droit de l’urbanisme et de la construction, de droit rural, de droit des affaires et de droit fiscal. « Le Conseil a la liberté et parfois le devoir de proposer des améliorations du droit dans le cadre de sa mission de contribution à l’évaluation de la loi. Certes, il ne représente aucune forme ou force politique, mais il a un devoir de responsabilité sur les matières du notariat, car les notaires de France détiennent une expertise sur des pans entiers du droit civil et fiscal », a affirmé son président.

 

Dans une vidéo diffusée lors du Congrès, le garde des Sceaux a tenu à rassurer les notaires sur ce point : « Votre profession est force de proposition pour l’évolution du droit, et s’appuie sur l’expérience de sa pratique. » « J’ai demandé à mes services d’analyser vos 15 propositions, a spécifié Éric Dupond-Moretti, et je souhaite que vos suggestions concernant la facilitation du règlement des successions et la simplification du mandat de protection future soient expertisées. Je comprends les préoccupations des citoyens qui aspirent à anticiper leur vieillesse et à transmettre en toute sérénité leur patrimoine. » 

 

David Ambrosiano a par ailleurs indiqué que le CSN avait remis au ministère un rapport d’évaluation de cinq années de pratique du divorce par consentement mutuel sans juge, et qu’il remettrait « d’ici quelques jours » un rapport sur le mandat de protection future, mis en place il y a 15 ans, qui permet à toute personne d’organiser son éventuelle dépendance à venir (ce rapport a, depuis, été dévoilé le 24 octobre, et fait état d’un dispositif « orphelin », « peu connu, peu promu et peu facile à mettre en œuvre », ndlr). « Nous continuerons à proposer des mesures pour aider les décideurs publics à prendre des décisions allant dans le sens du bien public », a certifié le président du CSN. 

 

En matière de bien public, ce dernier a également invité les notaires à apporter une « contribution locale » aux points-justice, ces lieux d’accueil et d’information des citoyens sur leurs droits, sous forme de permanences gratuites et anonymes. « Nous vivons dans une société où beaucoup de nos concitoyens sont sans repères. J’appelle les notaires à se mettre au service de cette forme d’accès au droit, qui est l’affaire de tous et pas l’apanage d’une minorité d’altruistes », a-t-il formulé.

 

Le point sur les réformes

 

David Ambrosiano est par ailleurs revenu sur les réformes récentes qui ont touché la profession. Il l’a reconnu : « Nous n’avions pas assez de notaires en 2015, et l’offre de services notariaux a été dynamisée là où c’était nécessaire », en écho à la loi Croissance du 6 août 2015, qui a réformé la profession en modifiant ses conditions d’accès, via la carte d’installation, valable deux ans, des zones libres d’implantation et des zones contrôlées. Bilan : une hausse de 50 % des offices notariaux en cinq ans. Toutefois, le président du CSN a sollicité à l’avenir « une vitesse de croisière réaliste » maintenant que l’offre est pourvue. « Revoir la carte des créations d’offices tous les deux ans ne me semble pas prioritaire. En revanche, s’il est une priorité, c’est celle du nombre d’associations dans les offices existants », a-t-il avancé. 

 

En outre, alors que la loi de 2015 a aussi prévu que les tarifs des professions juridiques réglementées, telles que celle du notariat, devaient être révisées tous les deux ans, le président du CSN a répété que cette révision ne lui semblait « pas apte à infléchir le cours de l’inflation ». « Les mesures de 2020 ont déjà donné de la souplesse. Le ministre de la Justice a repoussé jusqu’à février 2024 la prochaine révision tarifaire. Dans ces temps troublés qui s’annoncent, il serait sage de s’accorder une pause », a indiqué David Ambrosiano, qui a ajouté que les discussions sur les tarifs ne pouvaient « se dérouler en catimini » et que la profession devait « y être associée »

 

Le président du CSN a également eu quelques mots concernant le chantier sur les institutions européennes. Le Parlement ayant adopté l’été dernier une résolution qui appelle le Conseil européen à trouver un accord pour déclencher la procédure de révision des traités, le président du Conseil Supérieur du Notariat a évoqué la nécessité, selon lui, que le préambule du traité instituant l’Union européenne fasse référence « aux fondements du droit romano-germanique comme l’une des sources majeures de cette civilisation du droit ». « Les adversaires de notre système de régulation doivent être démasqués, contenus et refoulés », a-t-il vigoureusement asséné, tirant la sonnette d’alarme : « La profession notariale ne peut plus boire au calice d’une dérégulation empoisonnée et contraire à nos traditions, qui n’est pas dans le génome des sociétés européennes. »

 

Enfin, David Ambrosiano a abordé la toute nouvelle réforme de la formation initiale des notaires. En effet, le décret du 7 octobre 2022 vient de créer le diplôme d’études supérieures de notariat ainsi que la formation qui y est associée, désormais principale voie d’accès à la profession. Pour Éric Dupond-Moretti, « l’avenir de la profession s’incarne dans les dispositions » de ce décret. « Malgré les obstacles – le dialogue a parfois été difficile, plein de rebondissements –, en est ressortie une réforme équilibrée. Elle intervient immédiatement après la refonte de la déontologie et de la discipline et parachève la modernisation de la profession », s’est réjoui le ministre de la Justice. Nul doute en tout cas qu’il en sera question au prochain Congrès des notaires. Rendez-vous en 2023 !

 

 

Quelles sont les propositions votées lors du congrès ? 

 

En amont de son déroulement « physique » à Marseille, le Congrès des notaires de France 2022 a recherché les principales sources de contentieux subis par leurs clients, afin de proposer de nouveaux outils aux notaires, de nouveaux concepts au législateur et des modifications de leurs jurisprudences aux tribunaux. Chaque commission (immobilier, entreprise, famille) a présenté ses propositions, les 13 et 14 octobre derniers. Au total, 13 propositions ont été votées. 

 

COMMISSION IMMOBILIER


• Vente d’immeuble et définition de la notion de professionnel

Proposition : porter les définitions suivantes en créant deux nouveaux articles du Code civil : Article 1582-1 du Code civil : « En matière de vente immobilière, la qualité d’acheteur ou de vendeur professionnel est reconnue à celui qui se livre à titre habituel à des opérations d’achat ou de vente de biens immobiliers. » Article 1645-1 du Code civil : « Le vendeur professionnel au sens de l’article 1582-1 est présumé connaître les vices de la chose. (...) » 

> adoptée à 95,3 %

 

• Vente d’immeuble et installations classées, pour une prise en compte de la qualité du vendeur 

Proposition : distinguer, dans le cadre des obligations d’information dont tout vendeur est débiteur au titre de l’article L. 514-20 alinéa 1 du Code de l’environnement : d’une part, le vendeur exploitant ou le vendeur professionnel, lesquels doivent rester soumis à une obligation de résultat, d’autre part, le vendeur ni exploitant ni professionnel, qui ne devrait être soumis qu’à une obligation de moyens, tout au moins en ce qui concerne la période précédant sa détention. Nouvelle rédaction proposée : « Lorsque le vendeur n’est pas un professionnel au sens de l’article 1582- 1 du Code civil, cette obligation d’information ne porte que sur les installations dont il a connaissance et celles qui sont recensées dans les bases de données publiques accessibles au jour de la vente (...) »

> adoptée à 96,7 %

 

• La prise en compte de la qualité de l’acquéreur en vente en l’état futur d’achèvement

Proposition : ajouter aux critères permettant de distinguer les champs d’application respectifs du secteur libre et du secteur protégé, un critère se rapportant à la qualité de l’acquéreur en VEFA. Ce critère pourrait renvoyer à la notion de professionnel de l’immobilier dont la définition a été suggérée dans la proposition intitulée « Vente d’immeuble et définition de la notion de professionnel » visant à la création d’un nouvel article 1582-1 du Code civil. Cette modification devrait porter à la fois sur le contrat de VEFA mais également sur les autres contrats de promotion. 

Nouvelle rédaction : « Tout contrat ayant pour objet le transfert de propriété d’un immeuble ou d’une partie d’immeuble à usage d’habitation ou à usage professionnel et d’habitation et comportant l’obligation, pour un acheteur qui n’est pas un professionnel de l’immobilier au sens de l’article 1582-1 du Code civil, d’effectuer des versements ou des dépôts de fonds avant l’achèvement de la construction doit, à peine de nullité, revêtir la forme de l’un des contrats prévus aux articles 1601-2 et 1601-3 du Code civil, reproduits aux articles L. 261-2 et L. 261-3 du présent code. Il doit, en outre, être conforme aux dispositions des articles L. 261-11 à L. 261-14 ci-dessous. »

> adoptée à 89,3 %

 

• D’une vente immobilière consensuelle à une vente solennelle 

Proposition : réécrire l’article 1582 du Code civil ainsi : « La vente est une convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose, et l’autre à la payer », et compléter l’article 1583 « Elle est parfaite entre les parties, et la propriété est acquise de droit à l’acheteur à l’égard du vendeur, dès qu’on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n’ait pas encore été livrée ni le prix payé » par l’article 1583-1 : « Par exception, la vente d’un immeuble doit être constatée par acte authentique à peine de nullité. Cette nullité ne peut être invoquée que par l’une des parties au contrat. La violation d’un engagement de vendre ou d’acheter non constaté par acte authentique ne peut donner lieu qu’à l’octroi de dommages et intérêts. » 

> adoptée à 90,9 %

 

ENTREPRISE


• Pour une nouvelle forme de société : la société libre

Proposition : instaurer une nouvelle forme sociale : la société libre, outil « simple, souple et de confiance » à disposition des TPE, PME, ETI et des grands groupes. 

> adoptée à 89,6 %

 

• Pour une harmonisation du régime juridique des « droits sociaux » non cotés 

Proposition : abroger l’article 1832-2 du Code civil, en contrepartie de la possibilité pour des époux communs en biens de transférer à tout moment la qualité d’associé entre eux dans le respect du pacte statutaire, et de l’extension de l’article 1424 du Code civil à tous les titres de société non cotés. Par ailleurs, instaurer une reconnaissance expresse de la distinction entre le titre et la finance pour tous les titres de société non admis sur un marché réglementé de cotation, quelle que soit leur nature (droits sociaux négociables et droits sociaux non négociables). 

> adoptée à 96 % 

 

• Pour la création d’un certificat de conformité juridique et éthique

Proposition : créer un examen de conformité juridique et éthique, pour permettre à l’entreprise de démontrer qu’elle est sur le plan juridique, régulièrement constituée, qu’elle fonctionne régulièrement, qu’elle a mis en place des procédures internes pour atteindre des objectifs de RSE, défini par le législateur comme étant une « prestation contractuelle au titre de laquelle un professionnel, exerçant une profession réglementée, s’engage en toute indépendance, à la demande d’une entreprise, à se prononcer sur la conformité aux règles juridiques et éthiques des points prévus dans un chemin d’audit et selon un cahier des charges ». Le contenu de ce certificat, valable trois ans, pourra librement être diffusé par l’entreprise dans le cadre de son activité.

> adoptée à 69 %

 

• Pour une réforme du fonds de pérennité

Proposition : faire que le fonds de pérennité puisse être créé tant par une personne physique que par une personne morale ; qu’il soit présumé qu’une donation de titres à un fonds de pérennité par une société soit conforme à l’intérêt social de la société pour éviter toute incertitude sur le risque d’acte anormal de gestion ; qu’au plan fiscal, la transmission d’actifs au fonds de pérennité soit neutre (et notamment : que les plus-values réalisées par les personnes morales à la suite de l’apport de titres de société à un fonds de pérennité, en cours de vie du fonds de pérennité, bénéficient d’un sursis d’imposition ; que les dotations sous forme d’apport à titre gratuit d’autres biens que des titres de capital ou de parts sociales ne constatent pas de plus-value taxable ; que le pacte Dutreil trouve à s’appliquer aux donateurs personnes morales).

> adoptée à 96,5 %

 

FAMILLE


• La création d’un nouveau régime d’information pour les futurs époux : le certificat prénuptial 

Proposition : rendre obligatoire une information juridique prénuptiale, délivrée par un notaire. Pour ce faire, rajouter quatre nouveaux alinéas à l’article 1387 du Code civil, après « La loi ne régit l’association conjugale, quant aux biens, qu’à défaut de conventions spéciales que les époux peuvent faire comme ils le jugent à propos, pourvu qu’elles ne soient pas contraires aux bonnes mœurs ni aux dispositions qui suivent. » : « Un notaire reçoit simultanément les futurs époux et les informe sur le contenu des différents régimes matrimoniaux » ; « Cette information est obligatoire et non rémunérée » ; « Elle a lieu dans l’année précédant le mariage » et « Pour les mariages célébrés à l’étranger, lorsque la loi applicable au régime est la loi française par choix des époux, ce certificat pourra être établi à distance par un notaire français. » Par ailleurs, ajouter un tiret à l’article 63 alinéa 2, 1° du Code civil, qui contient l’énumération des pièces à remettre à l’officier d’état civil, en vue de la publication des bans, et qui serait désormais ainsi rédigé :  « […] - un certificat établi par un notaire, attestant, à l’exclusion de toute autre indication, que les intéressés ont été reçus dans le cadre de l’information obligatoire prévue au second alinéa de l’article 1387 du présent code (...) »

> adoptée à 63 %

 

• Sécuriser la détermination de la prestation compensatoire 

Proposition : faire que faute d’accord des parties sur le montant de la prestation compensatoire, le juge, saisi d’une demande en divorce, ne se prononce sur le divorce et l’octroi d’une prestation compensatoire que si la liquidation du régime matrimonial est jointe à la requête en divorce. Réécrire l’article 272 du Code civil ainsi : « Dans le cadre de la fixation d’une prestation compensatoire par le juge ou par les parties, celles-ci fournissent au juge : - une déclaration certifiant sur l’honneur l’exactitude de leurs ressources, revenus, patrimoine et conditions de vie, - l’état liquidatif du régime matrimonial, le cas échéant en la forme authentique devant notaire lorsque la liquidation porte sur des biens soumis à publicité foncière, ou la déclaration qu’il n’y a pas lieu à liquidation. À défaut d’un accord des parties sur la liquidation de leur régime matrimonial, le juge, conformément à l’article 255-10, désignera un notaire en vue d’élaborer un projet de liquidation. Dans le cadre d’une demande de révision de la prestation compensatoire, seule la déclaration sur l’honneur est fournie au juge. » Réécrire l’article 1075-1 du Code de procédure civile ainsi : « Lorsqu’une prestation compensatoire est demandée au juge ou prévue dans une convention, les époux doivent produire, conformément aux mentions de l’article 272 du Code civil : - la déclaration sur l’honneur, - l’état liquidatif du régime matrimonial ou la déclaration qu’il n’y a pas lieu à liquidation. »

> adoptée à 94,7 %

 

• Vers une contractualisation de la contribution des époux aux charges du mariage

Proposition : permettre la contractualisation du périmètre des charges du mariage. Pour ce faire, rajouter un nouvel alinéa à l’article 214 du Code civil : « Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils y contribuent à proportion de leurs facultés respectives. Les époux peuvent, dans leur convention matrimoniale, définir les dépenses qui relèvent ou non des charges du mariage. Si l’un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l’autre dans les formes prévues au code de procédure civile. » 

> adoptée à 91,2 %

 

• Pour une vocation successorale de souche

Proposition : 1) Reconnaître à l’héritier au premier degré la faculté de décider seul de la quotité qu’il entend retenir dans la succession dont il est saisi. Il peut exercer cette faculté au bénéfice de sa propre souche, le surplus profitant alors aux héritiers de deuxième degré (transmission intra souche). S’il n’a pas de descendant, il peut exercer cette faculté au profit des autres souches, le surplus profitant alors aux héritiers de premier degré de ces autres souches (transmission inter souche). L’acceptation des héritiers concernés devra intervenir au sein d’un seul et même acte. Cette divisibilité de l’option ne peut s’exercer que dans la ligne descendante, et dans la ligne des collatéraux privilégiés. Elle s’accompagne d’une neutralité fiscale. 2) Affirmer la place de la souche dans le droit successoral, en retenant désormais le principe selon lequel une succession est dévolue par souche. Dès lors, la représentation successorale devient sans objet.

> adoptée à 95,3 %

 

PROPOSITION TRANSVERSALE


• Pour un essor de la fiducie

Proposition : 1) Modifier l’article 2012 du Code civil : « La fiducie est établie par la loi, par contrat ou par testament authentique. Elle doit être expresse. » Abroger l’article 2013 du Code civil qui prohibe, à ce jour, la fiducie motivée par une intention libérale, ainsi que le régime fiscal d’exception qui la sanctionne lourdement. Modifier le premier alinéa de l’article 2029 du Code civil de telle sorte que le décès du constituant personne physique ne mette pas fin au contrat de fiducie. Abroger le second alinéa de l’article 2030 du Code civil qui prévoit le retour du patrimoine fiduciaire à la succession du constituant à son décès. Le tout, afin de permettre le recours à la fiducie libéralité entre vifs et par voie testamentaire pour autant qu’elle ait été constituée par acte notarié à peine de nullité.

2) Modifier l’article 2015 du Code civil en élargissant le corpus de fiduciaires aux notaires et lorsque le but déterminé est à caractère environnemental, aux personnes énoncées à l’article L. 132-3 du Code de l’environnement, pouvant être créancières dans le cadre d’une obligation réelle environnementale.

> adoptée à 85,9 %

 

Bérengère Margaritelli

 


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