JUSTICE

En Nouvelle-Calédonie, le garde des Sceaux inaugure le centre de détention de Koné

En Nouvelle-Calédonie, le garde des Sceaux inaugure le centre de détention de Koné
Publié le 23/02/2024 à 18:32

Cet établissement pour peines orienté vers la lutte contre la récidive et la réinsertion, mis en service il y a plusieurs mois déjà, est doté d’une capacité de 120 places réservées aux hommes majeurs condamnés.

« Hier, c'était la nuit, aujourd'hui, c'est le jour ». Alors qu’il doit clôturer son séjour ministériel en Nouvelle-Calédonie avec la rentrée des avocats en fin de journée, Éric Dupond-Moretti a inauguré ce vendredi matin la prison du Nord, au lendemain de sa visite du Camp-Est, dont il a jugé les conditions de détention « indignes ».

Changement de décor, donc, comme le rapportent Les Nouvelles calédoniennes : accueilli en fanfare dans l’établissement pour peines flambant neuf, le garde des Sceaux l’a assuré : le centre pénitentiaire de Koné est le « témoin que la Nouvelle-Calédonie est au cœur des préoccupations de l'Etat ».

Un centre « semi-ouvert » visant la réinsertion

Le centre de détention de Koné, qui repose sur le principe de la « porte ouverte » visant à responsabiliser et réinsérer les personnes détenues, est réservé à l’accueil des hommes majeurs condamnés à une peine supérieure à deux ans et qui présentent, après sélection, les meilleures perspectives de réinsertion sociale. Ces derniers ont ainsi la possibilité, durant la journée - à l’exception des heures de repas et la nuit -, de sortir des cellules afin de participer aux différentes activités socio-éducatives et aux actions collectives proposées par le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).

Conçu en adéquation avec les coutumes locales (les quartiers d’hébergement ont par exemple été réalisés sur un seul niveau en rez-de-chaussée), sur un modèle semi-ouvert, le centre comprend un espace composé de cellules fermées – qui intègre également un quartier d’accueil et d’évaluation des nouveaux arrivants -, d’un espace dans lequel les détenus peuvent circuler dans l’enceinte du centre, et d’un espace de préparation à la sortie et aménagements de peines : ici, les détenus sont autorisés à se rendre à l’extérieur. Il dispose également d’une unité sanitaire et d’une chambre sécurisée.

Près de 50 % de la surface du centre de détention est par ailleurs consacrée aux activités d’insertion et de préparation à la sortie : 3 000 m² sont dédiés au maraîchage et à l’élevage, 1 600 m² aux terrains de sports et 1 500 m² aux cours de promenade. Les personnes détenues ont accès à des salles d’enseignement et des formations professionnelles déterminées, à l’image des formations de type agricole, en fonction du potentiel du bassin d’emploi de la province Nord.

90 % d’encellulement individuel

Avec une capacité d’accueil de 120 places à 90 % d’encellulement individuel – et des toilettes individuelles ! - ce nouvel établissement, mis en service il y a un an, complète le pôle justice présent en Province nord, aux côtés de la section détachée du Tribunal de première instance et le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) situés à Koné. Au total, le chantier aura nécessité quatre ans de travaux et mobilisé plus de 56 millions d’euros.

7 500 heures ont par ailleurs été effectuées par des demandeurs d’emploi ou des bénéficiaires du RSA, pour la réalisation des espaces verts, du gros œuvre et de la voirie, via une clause d’insertion professionnelle intégrée dans les marchés de réalisation du programme ; une première en Nouvelle-Calédonie.

En vue de la mise en service du centre, 77 personnels de surveillance avaient été recrutés sur concours local au premier trimestre 2021, avec des centres d’examen mis en place à Nouméa, Koné et Lifou. Si plus de 3 000 personnes s’étaient inscrites pour participer à ce concours à affectation strictement locale, les candidats retenus ont ensuite suivi une formation rémunérée de 6 mois en métropole à Agen au sein de l’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire (ENAP).

Un nouvel établissement pénitentiaire à l’horizon 2032

La livraison du centre de détention de Koné s’inscrit dans le programme de construction de 15 000 places de prison supplémentaires, « le plus ambitieux entrepris depuis 30 ans », se targue le ministère de la Justice. Lancé en 2018 par le président de la République et porté par le garde des Sceaux, il doit porter à 75 000 le nombre total de places disponibles d’ici 2027.

Sur les 50 chantiers d’établissements pénitentiaires du programme, 10 ont été mis en service en 2023 et la moitié sera opérationnelle en 2024, assure-t-on du côté du ministère. Toutefois, à ce jour, seule un peu plus de 4 000 places nettes de prison ont été créées et 19 nouveaux établissements livrés. Un retard dont s’inquiétait, l’été dernier, le sénateur et rapporteur spécial Antoine Lefèvre « Nous n'avons pas le nombre de places annoncées à mi-parcours, [et] au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, le calendrier de livraison des projets se décale », constatait-il, observant « un net report vers 2027 ».

Hier, lors de sa visite du Camp-Est, le garde des Sceaux a annoncé la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire pour remédier à la surpopulation de l'actuelle prison de Nouméa. Avec un budget estimé à 500 millions d'euros, il s’agira du plus important investissement public jamais réalisé en Nouvelle-Calédonie, selon le ministère. D’une capacité de 600 places, il ne devrait pas être livré avant 2032.

 

 

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