Cet établissement pour peines
orienté vers la lutte contre la récidive et la réinsertion, mis en service il y
a plusieurs mois déjà, est doté d’une capacité de 120 places réservées aux
hommes majeurs condamnés.
« Hier, c'était la
nuit, aujourd'hui, c'est le jour ». Alors qu’il doit clôturer son
séjour ministériel en Nouvelle-Calédonie avec la rentrée des avocats en fin de
journée, Éric Dupond-Moretti a inauguré ce vendredi matin la prison du Nord, au
lendemain de sa visite du Camp-Est, dont il a jugé les conditions de détention « indignes ».
Changement de décor, donc,
comme le rapportent Les Nouvelles calédoniennes : accueilli en
fanfare dans l’établissement pour peines flambant neuf, le garde des Sceaux l’a
assuré : le centre pénitentiaire de Koné est le « témoin que la
Nouvelle-Calédonie est au cœur des préoccupations de l'Etat ».
Un centre « semi-ouvert »
visant la réinsertion
Le centre de détention de Koné,
qui repose sur le principe de la « porte ouverte » visant à responsabiliser et
réinsérer les personnes détenues, est réservé à l’accueil des hommes majeurs
condamnés à une peine supérieure à deux ans et qui présentent, après sélection,
les meilleures perspectives de réinsertion sociale. Ces derniers ont ainsi la
possibilité, durant la journée - à l’exception des heures de repas et la nuit
-, de sortir des cellules afin de participer aux différentes activités
socio-éducatives et aux actions collectives proposées par le service
pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).
Conçu en adéquation avec les
coutumes locales (les quartiers d’hébergement ont par exemple été réalisés sur
un seul niveau en rez-de-chaussée), sur un modèle semi-ouvert, le centre comprend
un espace composé de cellules fermées – qui intègre également un quartier
d’accueil et d’évaluation des nouveaux arrivants -, d’un espace dans lequel les
détenus peuvent circuler dans l’enceinte du centre, et d’un espace de préparation
à la sortie et aménagements de peines : ici, les détenus sont autorisés à
se rendre à l’extérieur. Il dispose également d’une unité sanitaire et d’une
chambre sécurisée.
Près de 50 % de la surface du
centre de détention est par ailleurs consacrée aux activités d’insertion et de
préparation à la sortie : 3 000 m² sont dédiés au maraîchage et à l’élevage, 1
600 m² aux terrains de sports et 1 500 m² aux cours de promenade. Les personnes
détenues ont accès à des salles d’enseignement et des formations
professionnelles déterminées, à l’image des formations de type agricole, en
fonction du potentiel du bassin d’emploi de la province Nord.
90 % d’encellulement
individuel
Avec une capacité d’accueil
de 120 places à 90 % d’encellulement individuel – et des
toilettes individuelles ! - ce nouvel établissement, mis en service il y a
un an, complète le pôle justice présent en Province nord, aux côtés de la
section détachée du Tribunal de première instance et le service pénitentiaire
d’insertion et de probation (SPIP) situés à Koné. Au total, le chantier
aura nécessité quatre ans de travaux et mobilisé plus de 56 millions d’euros.
7 500 heures ont par ailleurs
été effectuées par des demandeurs d’emploi ou des bénéficiaires du RSA, pour la
réalisation des espaces verts, du gros œuvre et de la voirie, via une clause
d’insertion professionnelle intégrée dans les marchés de réalisation du
programme ; une première en Nouvelle-Calédonie.
En vue de la mise en service du
centre, 77 personnels de surveillance avaient été recrutés sur concours local
au premier trimestre 2021, avec des centres d’examen mis en place à Nouméa,
Koné et Lifou. Si plus de 3 000 personnes s’étaient inscrites pour participer à
ce concours à affectation strictement locale, les candidats retenus ont ensuite
suivi une formation rémunérée de 6 mois en métropole à Agen au sein de l’Ecole
Nationale d’Administration Pénitentiaire (ENAP).
Un nouvel établissement
pénitentiaire à l’horizon 2032
La livraison du
centre de détention de Koné s’inscrit dans le programme de construction de
15 000 places de prison supplémentaires, « le plus
ambitieux entrepris depuis 30 ans », se targue le ministère de la
Justice. Lancé en 2018 par le président de la
République et porté par le garde des Sceaux, il doit porter à 75 000 le nombre
total de places disponibles d’ici 2027.
Sur les 50
chantiers d’établissements pénitentiaires du programme, 10 ont été mis en
service en 2023 et la moitié sera opérationnelle en 2024, assure-t-on du côté
du ministère. Toutefois, à ce jour, seule un peu plus de 4 000
places nettes de prison ont été créées et 19 nouveaux établissements livrés. Un
retard dont s’inquiétait, l’été dernier, le
sénateur et rapporteur spécial Antoine Lefèvre « Nous n'avons pas le nombre
de places annoncées à mi-parcours, [et] au fur et à mesure que l'on avance dans
le temps, le calendrier de livraison des projets se décale »,
constatait-il, observant « un net report vers 2027 ».
Hier, lors de sa visite du
Camp-Est, le garde des Sceaux a annoncé la construction d’un nouvel
établissement pénitentiaire pour remédier à la surpopulation de l'actuelle
prison de Nouméa. Avec un budget estimé à 500 millions
d'euros, il s’agira du plus important investissement public jamais réalisé en
Nouvelle-Calédonie, selon le ministère. D’une capacité de 600
places, il ne devrait pas être livré avant 2032.