Le baromètre de l’organisme représentatif
des greffiers des tribunaux de commerce publié lundi 6 novembre fait état d’un
bond de 22 % d’entreprises en difficulté au troisième trimestre par
rapport à la même période l’an passé. Les procédures collectives ont
particulièrement concerné les activités financières et d’assurance, alors que
les secteurs de l’hébergement-restauration notamment semblent remonter la pente
malgré le contexte inflationniste.
Ce lundi 6 novembre, le
Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) a rendu public
son baromètre national des entreprises pour le troisième trimestre 2023 (du 1er
juillet au 30 septembre), élaboré avec l’institut d’études privé Xerfi
Spécific.
À l’appui et sur l’analyse
des données de 6 millions d’entreprises immatriculées au registre du commerce
et des sociétés (RCS) en France, le premier constat qui émane du baromètre est
le suivant : « Les voyants sont toujours dans le rouge, même si
les indicateurs montrent un léger ralentissement de la chute par rapport aux
trimestres précédents », et ce dans un contexte de « stagflation
rampante », a expliqué le CNGTC dans un communiqué.
En effet, d’après le
baromètre, « les indicateurs conjoncturels restent peu encourageants »
en termes de perspectives d’activité notamment. En témoigne le nombre
d’entreprises en difficulté qui a bondi de 22 % au troisième trimestre
2023 par rapport à celui de l’année passée, soit 10 432 entreprises en
difficulté enregistrées sur cette période qui ont fait l’objet d’une ouverture
de procédure collective, au plus haut depuis les premiers chiffres communiqués
par le baromètre, en 2019. Parmi elles, 602 sociétés sont des entreprises
individuelles.
Près de 36 000 procédures
collectives ouvertes depuis le début de l’année
Ces 10 432 entreprises
en difficulté viennent s’ajouter à celles du début d’année, portant ainsi le
nombre total à 35 500 procédures collectives ouvertes en 2023.
D’après le baromètre, cette
hausse s’est poursuivie « à une cadence soutenue sur tout le territoire
métropolitain, à l’exception notable des Hauts-de-France », qui a
connu une évolution quasiment stable entre le 3e trimestre 2022 et
celui de 2023 avec +2,6 %.
L’Île-de-France et la
Bretagne s’en tirent à bon compte de leur côté, avec une hausse respective de
« seulement » 16,2 % et 19,8 %, là où les autres régions de
l’hexagone excèdent les 20 %. La Martinique remporte la palme avec une
augmentation de 61,4 %, devant la Réunion (+52,3 %) et la Corse, qui
se place sur la troisième marche avec +47,1 %.
Il est également soulevé que
les entreprises soumises à une ouverture de procédure collective sur la période
observée ont moins d’ancienneté que celles de 2022. En effet, l’âge moyen de
ces entreprises est de 8,2 ans, soit deux mois de moins que celles dans cette
situation en 2022. Dans le détail à un an d’intervalle, les secteurs de
l’agriculture, sylviculture et pêche ont une moyenne d’âge de 10,9 ans soit 14
mois de moins qu’en 2022. Le secteur de l’activité immobilière voit son
évolution plonger à moins 22 mois, avec une moyenne d’âge de 10,6 ans.
En regardant le statut
juridique, les SARL, les SAS et les entreprises individuelles ont vu leur
moyenne augmenter, avec respectivement +3 mois, +2 mois et +12 mois. La moyenne
des sociétés civiles immobilières a quant à elle fortement baissé, avec des
sociétés soumises à la procédure collective ayant 43 mois de moins par rapport
à celles de 2022.
Les secteurs de l’hébergement
et du commerce en sursis au troisième trimestre
Si les secteurs de l’agriculture,
la sylviculture et la pêche font partie des secteurs ayant une diminution de la
moyenne d’âge les plus importantes pour les sociétés ayant fait l’objet d’une
procédure collective, ils sont toutefois les moins touchés par cette dernière.
Toujours sur la période du 1er
juillet au 30 septembre, ces secteurs ont connu une augmentation de 8 %
d’ouvertures de procédure collective par rapport à 2022, derrière le secteur de
transport et entreposage à +13 %, et les activités immobilières et le
commerce avec tous deux 16 % de plus que l’année passée.
L’hébergement-restauration atteint +21 % de procédures collectives. Ces deux
derniers secteurs sont d’ailleurs moins touchés par rapport aux trimestres
précédents, notamment du fait « de la bonne tenue de l’activité durant
la période estivale ».
En revanche, « en
raison notamment de la fin des prêts garantis par l’État dont l’échéance est
imminente », pointe le baromètre, trois secteurs ont particulièrement
été touchés par l’ouverture d’une procédure collective, à savoir les activités
financières et l’assurance avec +38 % par rapport à 2022, les services aux
entreprises juste derrière avec +37 %, et le secteur de l’information-communication
avec +35 % à un an d’intervalle.
Le baromètre indique
néanmoins que « les ouvertures de procédures collectives ont [globalement]
marqué un léger ralentissement ces trois derniers mois par rapport aux
trimestres précédents ».
L’immobilier et le bâtiment,
principaux secteurs touchés par la liquidation judiciaire
L’augmentation du nombre de
procédures collectives diffère selon le type de procédure utilisée. Au
troisième trimestre 2023, le nombre de procédures de sauvegarde (dont
financière accélérée) ouvertes s’élève lui à 275 parmi les 10 432
entreprises en difficulté. Ce chiffre est en augmentation de 33 % par
rapport à 2022. Les redressements judiciaires ont concerné 2 434
entreprises, soit 665 de plus qu’au troisième trimestre de l’année dernière
(+38 %).
La hausse des liquidations
judiciaires est quant à elle plus légère, avec « seulement »
18 % de plus qu’en 2022, pour 7 723 entreprises en difficulté
concernées. Cette augmentation est en partie due au marché de l’immobilier très
tendu. En effet, 165 entreprises ayant des activités immobilières ont fait
l’objet d’une liquidation, soit 175 % de plus qu’au troisième trimestre
2022. Suivent ensuite les sociétés de holding, avec 146 sociétés liquidées
(+132 %), le secteur de la programmation informatique (112 entreprises
soit +124 %) et celui du conseil pour les affaires et autres conseils de
gestion (200 sociétés soit +102 %).
Si les radiations
d’entreprises sont en baisse au troisième trimestre 2023 par rapport à l’année
dernière, avec -14 % soit 632 entreprises radiées, les créations
d’entreprise aussi ont, dans une moindre mesure, diminué, avec 122 421
entreprises créées, soit -2,5 % à un an d’intervalle.
Allison
Vaslin