L’Insee a
dévoilé sa dernière note de conjoncture économique le 7 septembre. Le conflit
en Ukraine, mais aussi la persistance de mesures liées à la crise sanitaire en
Chine et les effets de la sécheresse accroissent les tensions sur les
conditions de production. Conséquence : l’inflation devrait poursuivre sa
hausse jusqu’à la fin de l’année. La croissance serait très modeste pour les
deux derniers trimestres de l’année.
L’inflation continue
d’augmenter en France. D’après l’Insee, après une légère baisse au mois d’août (+5,8 % contre +6,1 % en juillet), les
prix à la consommation en France devraient augmenter de 5,9 % sur un an en
septembre, et de 6,6 % en décembre. En cause principalement, la guerre en
Ukraine et les tensions qui en ont découlé avec la Russie. Sur l’ensemble de
l’année, l’inflation devrait s’établir à 5,3 %. L’Institut national de la
statistique et des études économiques note aussi deux autres facteurs
responsables de la flambée des prix : les effets de la sécheresse de l’été
sur certaines productions agricoles et la navigabilité de plusieurs cours d’eau
comme le Rhin, ainsi que la poursuite des confinements dans certaines régions
chinoises où le Covid-19 circule. Les tensions persistantes sur les conditions
de production augmentent la pression sur les prix.
Le prix des produits alimentaires en
forte hausse
Dans
le détail, les services, qui représentent presque la moitié des dépenses des
ménages d’après l’Insee, subiront une augmentation de 3,3 % sur un an, en
décembre. Les prix des produits manufacturés (un quart des dépenses des
Français) seront en hausse de 5,1 %. L’énergie (9 % des dépenses), secteur qui
concentre le plus d’inquiétudes à l’approche de l’hiver, verrait ses prix
augmentés de 20,8 % sur un an d’ici Noël. Une hausse importante, mais qui reste
toutefois limitée en raison des politiques publiques de freinage des tarifs de
l’énergie, tels que le bouclier sur l’électricité et le gaz ou la remise sur le
carburant. Leur effet direct est estimé pour le mois de septembre à environ
2,5 points d’inflation en moins. Le prix des produits alimentaires, dont la
hausse était pour l’instant relativement contenue (+7,7 % en août), va
augmenter durant tout le dernier trimestre pour atteindre 11,7 % sur un an en
décembre. Le secteur, qui représente 16,5 % des dépenses des foyers, devient le
premier contributeur de l’inflation, devant l’énergie.
Le
pouvoir d’achat, malmené au début de l’année (-1,8 % au premier trimestre,
-1,2 % au deuxième), devrait pourtant mieux se porter d’ici la fin de l’année
avec une hausse de 1,5 % au troisième trimestre et au moins +0,5 % au
quatrième. L’Insee explique ce rebond par le dynamisme des salaires durant
l’été, notamment avec l’augmentation automatique du SMIC et la revalorisation
du point d’indice pour les agents publics. Les revalorisations des prestations
sociales et la suppression de la contribution à l’audiovisuel public sont
également des moteurs de cette hausse. Sur l’ensemble de l’année 2022, le
pouvoir d’achat des ménages baisserait d’environ 0,5 %.
Des difficultés d’offre dans l’industrie
et les services
L’institut observe aussi des difficultés d’offres
inédites dans l’industrie française : plus de 50 % des entreprises du
secteur affirment peiner à se ravitailler. Dans les services, bien qu’à un
niveau plus supportable, ce chiffre monte à 35 %. De fait, les prix de
production dans l’industrie et l’agriculture ont explosé : +20 % entre
juillet 2020 et juillet 2022 dans l’industrie (hors énergie), +35 % dans
l’agriculture. L’Insee note cependant une détente des prix des céréales et des
oléagineux qui devrait à moyen terme freiner l’inflation de certains produits.
La croissance affaiblie
L’Insee prévoit une croissance du PIB au troisième
trimestre de +0,2 %. Pour la fin de l’année, les inquiétudes sur les
approvisionnements énergétiques en Europe et le resserrement monétaire aux
États-Unis laissent présager un nouveau ralentissement pour le quatrième
trimestre, avec une croissance nulle attendue. Sur l’année, le produit
intérieur brut français augmenterait de 2,6 % sur un an.
Alexis Duvauchelle