70 détenus ont d’ores et déjà
été transférés dans la nuit depuis la maison d’arrêt de Troyes. D’une capacité
d’accueil de 476 places, l’établissement crée 282 places nettes, avec 90 % de
cellules individuelles. Une livraison qui s’inscrit dans le cadre d’un
« plan 15 000 » à la peine.
Inauguré le 25 octobre par
Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, le centre
pénitentiaire de Troyes-Lavau est entré en service aujourd’hui à
Arcis-sur-Aube, dans le Grand Est, après le transfert de près de 70 personnes
détenues dans la nuit depuis la maison d’arrêt de Troyes.
Avec une capacité d’accueil
de 476 places, cet établissement sur deux étages, réservé à l’accueil des
hommes majeurs, crée 282 places nettes et offre un encellulement individuel à
90 %, avec des sanitaires dans chaque cellule, précise le ministère de la
Justice. S’il doit donc accueillir les détenus de la maison d’arrêt de Troyes datant
du XIXe siècle, située en centre-ville de Troyes et devenue trop
vétuste, les personnes condamnées par l’autorité judiciaire sur le secteur y seront
elles aussi progressivement affectées.
En outre, au total, 267
agents pénitentiaires travailleront à terme sur le site, aux côtés de
conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation.
Une unité dédiée aux détenus
« vulnérables »
Le centre pénitentiaire
flambant neuf pensé comme un campus se compose principalement de quatre
quartiers de maison d‘arrêt : trois bâtiments maison d’arrêt en régime porte
fermée de 109 places chacun, dont l’un accueille une unité de 36 places dédiée
aux « personnes détenues vulnérables », et un quatrième
bâtiment hébergeant un quartier « respect » de 72 places en régime porte
ouverte.
D’autres secteurs
d’hébergement spécifiques sont aussi prévus : une unité de 37 places de
semi-liberté, un quartier d’accueil et d’évaluation de 40 places, un quartier d’isolement
de 20 places, un quartier disciplinaire de 15 places. À souligner par ailleurs
le déménagement sur site et la réinstallation dans de nouveaux locaux du pôle
de rattachement des extractions judicaires, anciennement implanté en enceinte
de la maison d’arrêt de Troyes, destiné à augmenter l’activité du service.
70 détenus ont été transférés au nouveau centre pénitentiaire de Troyes-Lavau dans la nuit du 7 au 8 décembre © DISP de Strasbourg
On apprend également que l’établissement
propose un certain nombre d’activités collectives organisées destinées à
« rompre l’isolement, prévenir efficacement le passage à l’acte
suicidaire et lutter contre les violences en détention », « un
nombre de postes de travail disponibles suffisant », « des
formations variées », explique le ministère de la Justice sans entrer
davantage dans le détail, mais aussi cinq heures d’activités par jour, « dans
les nombreux espaces conçus pour accueillir des activités collectives ».
Une construction inscrite
dans un plan 15 000 en difficulté
Le centre pénitentiaire de
Troyes-Lavau représente trois ans de travaux, menés par l’agence publique pour
l’immobilier de la justice (APIJ), pour un budget colossal de plus de 110
millions d’euros. Un chantier qui comportait une dimension sociale, puisque 70
000 heures d’insertion ont été effectuées par des demandeurs d’emploi ou des
bénéficiaires du RSA dans le cadre d’un parcours de professionnalisation.
Ce nouvel établissement
pénitentiaire est censé répondre, selon le ministère de la Justice, à la double
problématique de surpopulation carcérale et de dégradation du bâti, et ce, « avec
des conditions dignes de détention mais aussi des conditions d’exercice
sécurisées pour les agents », assure Éric Dupond-Moretti.
Sa livraison s’inscrit dans
le programme de construction de 15 000 places de prison supplémentaires, lancé
en 2018 par le président de la République, qui doit porter à 75 000 places le
nombre total de places disponibles d’ici 2027. Un plan qui prend « un
peu de retard », a toutefois admis Éric Dupond-Moretti, le 6 octobre
dernier sur France Info.
Et pour cause, le sénateur et
rapporteur spécial Antoine Lefèvre indiquait récemment qu’au 1er
juillet 2023, seuls 14 projets et 2 771 places nettes avaient été livrés,
« soit 2,5 fois moins que ce qui était prévu pour 2022 »,
comme on peut le lire dans un rapport d’information du
18 octobre. « Nous n'avons pas le nombre de places annoncées à
mi-parcours, [et] au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, le
calendrier de livraison des projets se décale », constatait-il,
observant « un net report vers 2027 », « ce qui ne
laisse absolument plus aucune marge de manœuvre pour achever le plan 15 000
dans le délai annoncé », s’inquiétait le sénateur. À date, sur les 36
opérations restantes, 13 étaient encore en phase d'études préalables.