JUSTICE

Le centre pénitentiaire de Troyes-Lavau entre en service

Le centre pénitentiaire de Troyes-Lavau entre en service
Ce nouvel établissement accueillera 476 détenus et 267 agents pénitentiaires © DISP de Strasbourg
Publié le 13/12/2023 à 12:24

70 détenus ont d’ores et déjà été transférés dans la nuit depuis la maison d’arrêt de Troyes. D’une capacité d’accueil de 476 places, l’établissement crée 282 places nettes, avec 90 % de cellules individuelles. Une livraison qui s’inscrit dans le cadre d’un « plan 15 000 » à la peine.

Inauguré le 25 octobre par Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, le centre pénitentiaire de Troyes-Lavau est entré en service aujourd’hui à Arcis-sur-Aube, dans le Grand Est, après le transfert de près de 70 personnes détenues dans la nuit depuis la maison d’arrêt de Troyes.

Avec une capacité d’accueil de 476 places, cet établissement sur deux étages, réservé à l’accueil des hommes majeurs, crée 282 places nettes et offre un encellulement individuel à 90 %, avec des sanitaires dans chaque cellule, précise le ministère de la Justice. S’il doit donc accueillir les détenus de la maison d’arrêt de Troyes datant du XIXe siècle, située en centre-ville de Troyes et devenue trop vétuste, les personnes condamnées par l’autorité judiciaire sur le secteur y seront elles aussi progressivement affectées.

En outre, au total, 267 agents pénitentiaires travailleront à terme sur le site, aux côtés de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation.

Une unité dédiée aux détenus « vulnérables »

Le centre pénitentiaire flambant neuf pensé comme un campus se compose principalement de quatre quartiers de maison d‘arrêt : trois bâtiments maison d’arrêt en régime porte fermée de 109 places chacun, dont l’un accueille une unité de 36 places dédiée aux « personnes détenues vulnérables », et un quatrième bâtiment hébergeant un quartier « respect » de 72 places en régime porte ouverte.

D’autres secteurs d’hébergement spécifiques sont aussi prévus : une unité de 37 places de semi-liberté, un quartier d’accueil et d’évaluation de 40 places, un quartier d’isolement de 20 places, un quartier disciplinaire de 15 places. À souligner par ailleurs le déménagement sur site et la réinstallation dans de nouveaux locaux du pôle de rattachement des extractions judicaires, anciennement implanté en enceinte de la maison d’arrêt de Troyes, destiné à augmenter l’activité du service.

70 détenus ont été transférés au nouveau centre pénitentiaire de Troyes-Lavau dans la nuit du 7 au 8 décembre © DISP de Strasbourg

On apprend également que l’établissement propose un certain nombre d’activités collectives organisées destinées à « rompre l’isolement, prévenir efficacement le passage à l’acte suicidaire et lutter contre les violences en détention », « un nombre de postes de travail disponibles suffisant », « des formations variées », explique le ministère de la Justice sans entrer davantage dans le détail, mais aussi cinq heures d’activités par jour, « dans les nombreux espaces conçus pour accueillir des activités collectives ».

Une construction inscrite dans un plan 15 000 en difficulté

Le centre pénitentiaire de Troyes-Lavau représente trois ans de travaux, menés par l’agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ), pour un budget colossal de plus de 110 millions d’euros. Un chantier qui comportait une dimension sociale, puisque 70 000 heures d’insertion ont été effectuées par des demandeurs d’emploi ou des bénéficiaires du RSA dans le cadre d’un parcours de professionnalisation.

Ce nouvel établissement pénitentiaire est censé répondre, selon le ministère de la Justice, à la double problématique de surpopulation carcérale et de dégradation du bâti, et ce, « avec des conditions dignes de détention mais aussi des conditions d’exercice sécurisées pour les agents », assure Éric Dupond-Moretti.

Sa livraison s’inscrit dans le programme de construction de 15 000 places de prison supplémentaires, lancé en 2018 par le président de la République, qui doit porter à 75 000 places le nombre total de places disponibles d’ici 2027. Un plan qui prend « un peu de retard », a toutefois admis Éric Dupond-Moretti, le 6 octobre dernier sur France Info.

Et pour cause, le sénateur et rapporteur spécial Antoine Lefèvre indiquait récemment qu’au 1er juillet 2023, seuls 14 projets et 2 771 places nettes avaient été livrés, « soit 2,5 fois moins que ce qui était prévu pour 2022 », comme on peut le lire dans un rapport d’information du 18 octobre. « Nous n'avons pas le nombre de places annoncées à mi-parcours, [et] au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, le calendrier de livraison des projets se décale », constatait-il, observant « un net report vers 2027 », « ce qui ne laisse absolument plus aucune marge de manœuvre pour achever le plan 15 000 dans le délai annoncé », s’inquiétait le sénateur. À date, sur les 36 opérations restantes, 13 étaient encore en phase d'études préalables.

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