Le sceau a été apposé sur la
loi constitutionnelle par Éric Dupond-Moretti, ce vendredi midi place Vendôme,
à Paris. Emmanuel Macron a annoncé son souhait d’inscrire ensuite ce droit dans
la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Un moment historique, et en
public. Pour la première fois depuis 2008, la Constitution a officiellement été
modifiée ce vendredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Le
sceau a été apposé, place Vendôme devant le ministère de la Justice à Paris et en
compagnie d’un public, sur la loi constitutionnelle sur la liberté de recourir
à l’IVG.
C’est Éric Dupond-Moretti, garde
des Sceaux, qui a procédé au scellement, à l’aide d’une presse, dans un grand
silence, avant que n’éclatent les applaudissements du public.
Dans son discours, Emmanuel
Macron a salué « un très grand jour pour notre République », a
affirmé Emmanuel Macron, saluant le fait que « le sceau de la
République scelle un long combat pour la liberté ». Ce nouveau droit
inscrit dans la Constitution vient un donc clore « un combat fait de
larmes, de drames, de destins brisés », a énuméré le chef de l’État, se
remémorant l’époque, pas si lointaine, où les femmes étaient « privées
du plus intime de leurs choix, celui d’avoir, ou non, un enfant ».
Emmanuel Macron prononce son discours à l'occasion de l'inscription de la liberté de recourir à l'IVG dans la Constitution.
Pour celles qui osaient vouloir
avorter, seules des opérations clandestines et dangereuses leur étaient accessibles.
Dans le secret, ces femmes « risquaient de tout perdre, leur bonheur et
leur vie ».
L’occasion pour le président
de rendre hommage aux femmes qui se sont battues pour ce droit, à commencer par
la « faiseuse d’anges » Marie-Louise Giraud, qui, après avoir pratiqué
27 avortements pendant l’occupation, a été guillotinée sous le régime de Vichy.
La mémoire de Simone de Beauvoir, qui racontait « le destin de jeunes
filles rangées et de femmes dans la force de l’âge », a également été
saluée par Emmanuel Macron.
Une inscription rendue
nécessaire par « les reculs de notre époque »
Le combat pour le droit de
recourir à l’IVG a notamment été médiatisé, en 1971, par le Manifeste de 343 femmes
« qui osèrent, à la une du Nouvel Observateur, donner un peu de leur
lumière à toutes celles qui avaient trop souvent vécu dans l’ombre de la honte »,
puis par le procès de Bobigny en 1972, où Marie-Claire Chevalier, violée à l’âge
de 16 ans, avait dû se défendre de ne pas avoir voulu mettre au monde un enfant
de son agresseur, aidée
par son avocate Gisèle Halimi.
Ces deux événements ont
grandement participé à la légalisation de l’avortement en 1975, dans un texte
porté par Simone Veil. « Combien d’existences furent changées grâce à
cette loi historique ? Combien de femmes françaises, dont bon nombre sont
certainement sur cette place, ont pu choisir leur vie ? », s’est
interrogé Emmanuel Macron, pointant qu’ « inscrire dans notre Constitution
la liberté garantie du recours à l’avortement pouvait sembler moins nécessaire
voilà encore quelques années, mais les reculs de notre époque en ont fait une
nécessité et une urgence ». Sans les citer, le président a fait
référence aux États-Unis, où le droit constitutionnel à l’IVG a été abrogé,
permettant à plusieurs États d’en interdire l’accès aux femmes même en cas de
viol.
Certains pays d’Europe sont
également visés comme la Hongrie, où les femmes sont forcées d’écouter le cœur du
fœtus avant de pouvoir avorter. En ce sens, Emmanuel Macron a annoncé son
souhait d’inscrire « la liberté garantie de recourir à l’interruption
volontaire de grossesse » dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union
européenne. « Aujourd’hui, dans notre Europe, plus rien n’est acquis et
tout est à défendre. »
Un droit qui, également en France,
peut être remis en cause, en témoignent les nombreux tags inscrits sur certains
murs et routes à proximité de la Chancellerie, affirmant que l’IVG est « un
crime ».
Alexis
Duvauchelle