DROIT

Pas – ou presque – de changement pour les tarifs des notaires

Pas – ou presque – de changement pour les tarifs des notaires
Publié le 04/03/2024 à 16:14

Les émoluments de la profession sont maintenus en l’état jusqu’en 2026, conformément à la demande de la profession. En revanche, l’objectif de taux de résultat moyen et les coefficients de majoration dans les DOM sont revus à la baisse.

Une petite victoire pour les notaires. Le Gouvernement a publié mercredi 28 février l’arrêté fixant les tarifs règlementés de la profession, en même temps que ceux concernant les administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires, les greffiers des tribunaux de commerce, ainsi que les huissiers de justice et commissaires-priseurs judiciaires.

Rappelons que les actes tarifés (ventes, donations, contrats de mariage, successions…), pour lesquels le notaire perçoit des émoluments, se distinguent des actes non tarifés qui font l’objet d’honoraires libres, comme le soulignent les Notaires de France.

Le texte, entré en vigueur le 1er mars, fixe notamment la période de référence des émoluments du 1er mars 2024 au 28 février 2026. A ce titre, il reconduit le tarif défini début 2020, dont l’entrée en vigueur avait été repoussée au 1er janvier 2021. Le nouvel arrêté a ainsi pour effet de maintenir pour une nouvelle période de deux ans le tarif de la profession notariale, qui sera, au bout du compte, inchangé sur cinq ans.

Le CSN rassuré compte tenu du « recul du chiffre d’affaires »

En réaction, la présidente du Conseil supérieur du notariat (CSN) Sophie Sabot-Barcet s’est félicitée de cette décision « [qui] n’allait nullement de soi, car les textes qui fixent la méthode impliquaient que le tarif se fonde notamment sur l’observation des chiffres du notariat des années 2020-2022. Or la période entre septembre 2020 et septembre 2022 a été anormale, avec une activité extrêmement forte, liée au contexte de l’après-confinement, de sorte que les produits et les résultats des offices ont été inhabituellement bons. Nous revenons à une activité comparable à celle de 2019. »

« Le recul du chiffre d’affaires de 12,4 %, l’inflation des charges depuis 2022, plaidaient pour une décision mesurée, donnant de la visibilité aux offices, dans une période de grande incertitude sur l’évolution du marché immobilier, qui représente plus de la moitié des produits des offices » ajoute le CSN dans un communiqué.

L’objectif de taux de résultat moyen perd quelques points

Par ailleurs, l’objectif de taux de résultat moyen passe de 32,7 % pour la période 2022-2024 à 27,6 % pour la période 2024-2026 (après avoir été de 30 % sur 2020-2022).

Une mesure que l’organe représentatif de la profession n’a pas commentée publiquement, mais contre laquelle s’élève l’ancien notaire Bernard Trigallou : « C'est 16 % du résultat net qui disparaissent », dénonce-t-il dans un article. « Il est généralement admis que la rémunération moyenne des notaires est anormalement excessive, et c'est (…) par ce biais que les pouvoirs publics ont entrepris d'aligner [ce revenu] sur celui d'autres professions libérales (…). Une petite – ou pas – correction tous les deux ans, et c'est fait. La “banalisation” de la profession est sérieusement engagée. »

Précisons que les tarifs doivent aujourd’hui être révisés au moins tous les cinq ans sur la base de cet « objectif de taux de résultat moyen », fixé pour des périodes de référence de deux ans, qui participe au calcul déterminant une « rémunération acceptable » que peuvent percevoir les notaires.

Ce, en application du décret du 28 février 2020, dit « décret méthode », qui a modifié la partie réglementaire du Code de commerce relative à la fixation des tarifs réglementés de certains professionnels du droit, tirant les conséquences des modifications opérées par la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice. Ledit décret a également porté de 10 % à 20 % le taux de remise fixe et identique pouvant être consenti.

DOM : les coefficients de majorations eux aussi en légère baisse

Les coefficients de majoration pour les départements d’Outre-Mer, visés à l’article A444-53 du Code de commerce, sont en outre légèrement revus à la baisse pour la plupart. L’article 2 de l’arrêté prévoit effectivement que « [les] émoluments sont majorés de 25 % dans les îles Wallis et Futuna, de 23 % dans le département de la Guadeloupe, de 24 % dans le département de la Martinique, de 20 % dans le département de la Guyane et de 36 % dans les départements de La Réunion et de Mayotte. »

Si la majoration reste la même pour les îles Wallis et Futuna par rapport à la période précédente, elle perd en effet 2 points en Guadeloupe, 1 point en Martinique et 1 point à la Réunion et à Mayotte.

Une modification qui n’est cependant pas du goût du CSN, lequel fait savoir dans son communiqué qu’il y était, sans surprise, « opposé », et déplore une réduction « qui n’a pas de sens économiquement dans cette période ».

Bérengère Margaritelli

 

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