JUSTICE

Propos sexistes : le procureur de la République de Limoges contraint par Éric Dupond-Moretti à quitter ses fonctions

Propos sexistes : le procureur de la République de Limoges contraint par Éric Dupond-Moretti à quitter ses fonctions
Publié le 14/03/2024 à 09:15

Le garde des Sceaux a rapidement confirmé la sanction recommandée par le Conseil supérieur de la magistrature à l'encontre de Baptiste Porcher.

Éric Dupond-Moretti n'accordera aucun traitement de faveur au procureur de la République de Limoges, Baptiste Porcher. Le ministre de la Justice a en effet demandé, le 12 mars 2024, la démission de ce dernier à la suite de plusieurs accusations de propos sexistes envers ses collègues.

Cette décision fait écho à la recommandation du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui avait préconisé le retrait de la fonction de procureur de la République assorti d’un déplacement d’office. Le garde des Sceaux a déclaré dans un post sur le réseau social X (anciennement Twitter) qu’il prendrait en compte « l’avis du CSM qui est conforme à mes réquisitions. Les comportements à caractère sexiste au sein de nos juridictions sont inadmissibles et ne sauraient rester sans réponse. J’appliquerai donc les sanctions proposées par le CSM ».

 « Le procureur de la République a manqué à ses devoirs »

Le procureur de Limoges s’est rendu coupable de plusieurs manquements, notamment des propos à caractère sexiste et misogyne. À ce sujet, le Conseil supérieur de la magistrature a affirmé dans un avis rendu le 12 mars que le procureur avait tenu « des comportements et des propos à connotation sexuelle outrageants ou dégradants à une juriste assistante, des assistantes de justice, auditrices de justice et magistrates placées sous son autorité ou à l’égard de collègues magistrates du siège, et en dévalorisant systématiquement le travail de certaines d’entre elles ». 

L'institution a ainsi souligné que les attitudes et les actions du procureur ont démontré une incapacité à adopter les comportements et à respecter les limites appropriées dans le cadre de relations professionnelles, tout en jugeant également que « le procureur de la République a manqué à ses devoirs de son état de chef de juridiction ». Pour ces raisons, le CSM a jugé que l'ampleur, la récurrence et le caractère durable des manquements constatés rendaient impossible la poursuite de l'activité de procureur de la République « ainsi que toute activité sur le ressort du tribunal judiciaire où il exerçait ».

Un humour déplacé comme justification

Durant l’enquête administrative menée par l’inspection générale de la justice, Baptiste Porcher s’était justifié en invoquant notamment des propos relevant de l'ironie et de l'humour. Cependant, il avait admis que cet humour était déplacé, « tout en minimisant la portée de ses paroles », a rapporté le CSM dans son avis, dans le cas d’une substitute du procureur à laquelle Baptiste Porcher avait fait remarquer la maigreur.

Un autre exemple est celui de la vice-présidente d'un tribunal judiciaire, dont le collant était filé, et pour lequel Baptiste Porcher, qui assure la connaître de longue date, aurait commenté : « Alors toi, tu reviens du bureau du président ».

Convoqué devant une audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature le 6 février dernier pour des « manquements à la délicatesse et à la dignité du magistrat » en vue de déterminer son avenir dans la profession, il avait explicité que son recours à un « humour grivois » visait à fédérer les magistrats du parquet, sans intention sexiste derrière ses blagues.

Néanmoins, le cas de l’assistante de justice ou encore celui de la vice-présidente ne sont pas isolés. Au total, onze femmes sont concernées par des faits de comportement désobligeant du procureur en poste à Limoges depuis 2020.

Parmi les autres faits qui lui sont reprochés, il a notamment fait à plusieurs reprises des commentaires sur les tenues vestimentaires d’une assistante, affirmant préférer celles « plus près du corps ». Cette dernière a d’ailleurs mentionné que Baptiste Porcher posait fréquemment son regard sur sa poitrine, ce qu’il a démenti.Haut du formulaire

Romain Tardino

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