JUSTICE

Qualité de vie au travail : les salariés des offices de commissaires de justice peu satisfaits

Qualité de vie au travail : les salariés des offices de commissaires de justice peu satisfaits
Publié le 07/02/2024 à 14:16

Selon une enquête de l’OMPL, seuls 58 % d’entre eux seraient satisfaits, contre 77 % dans les études d’administrateurs et mandataires judicaires, par exemple. En cause, notamment : une charge de travail déséquilibrée et un difficile aménagement du temps de travail.

42 % des salariés travaillant dans un office de commissaires de justice s’estiment peu satisfaits de leur qualité de vie au travail. C’est ce que révèle l’enquête menée par l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) entre avril et juin 2023, qui interroge les 11 branches de son périmètre sur cette question, dont les entreprises des professions libérales.

Au total, 344 salariés d’offices de commissaires de justice (regroupant les commissaires-priseurs judicaires et les huissiers de justice désormais nommés commissaires de justice), représentant 38 % des répondants du domaine juridique, se sont exprimés sur les différents aspects pouvant affecter leur qualité de vie au travail via un questionnaire en ligne.

Et si 58 % d’entre eux estiment tout de même avoir une bonne qualité de vie au travail, c’est toutefois moins que autres branches juridiques, puisque du côté des cabinets d’avocats et des études d’administrateurs et mandataires judiciaires, les salariés sont respectivement 63 % et 77 % à se dire satisfaits.

Les conditions de travail au cœur du mécontentement

Là où le bat blesse, c’est principalement en matière de conditions de travail.

En effet, les employeurs, également invités à répondre à ce questionnaire en miroir, sont une grande majorité (84,6 %) à penser que leurs salariés sont satisfaits de leurs conditions de travail… quand seuls 51 % le sont réellement. Un chiffre inférieur de 5 points à la moyenne du secteur juridique, et de 7 points à celle de tous les secteurs confondus.

Les raisons de ce mécontentement sont variées. Par exemple, 30 % des salariés d’offices de commissaires de justice estiment leur charge de travail équilibrée, quand 66 % n’arrivent pas à décrocher du travail sur leur temps perso, et 64 % pensent que leur santé peut être affectée à long terme. L’étude révèle en outre que ces salariés ont « moins d’énergie » par rapport aux autres, mais qu’ils sont aussi les plus débordés et les plus stressés, avec un hyperstress touchant plus de 41 % d’entre eux.

L’aménagement du temps de travail joue notamment un rôle dans ces résultats, près des deux tiers évoquant un difficile aménagement dû à l’impossibilité de télétravailler, soit car l’employeur y est opposé, soit parce que l’emploi ne le permet pas.

Une insatisfaction sur le parcours professionnel

Autre point faisant chuter le taux de satisfaction des salariés des offices de commissaires de justice : le parcours professionnel.  Là encore, bien que les employeurs soient majoritaires (73 %) à penser que leurs salariés sont satisfaits de leur parcours professionnel, 60 % d’entre eux expriment une insatisfaction à ce sujet. Un résultat bien supérieur aux moyennes du secteur juridique et de l’ensemble des secteurs.

En particulier, un peu plus de la moitié des salariés des offices de commissaires de justice estiment ne pas bénéficier des formations dont ils ont besoin, 66 % estiment ne pas avoir de possibilité d’évolution professionnelle, 71 % considèrent que les décisions prises concernant les évolutions de carrière et rémunération ne sont pas claires, et 74 % estiment que leur rémunération globale ne correspond pas à leur niveau de responsabilité ».

Pour ce qui est de la stratégie et des responsabilités sociales, l’insatisfaction est de nouveau de mise. Ainsi, une grande partie (68 %) des salariés trouvent que les changements au sein de leur entreprise sont mal accompagnés, tandis que 59 % ne sont pas sereins quant à leur avenir au sein de l’office, creusant un écart considérable de 13 points avec la moyenne du secteur juridique.

Toutefois, l’étude affiche un taux de satisfaction des salariés de 74 % à propos de l’entretien professionnel, qui s’avère généralement l’occasion d’avoir, selon les avis recueillis, un dialogue ouvert et constructif avec leur responsable.

Par ailleurs, 83 % des salariés jugent que leur responsable direct leur fait confiance, 65 % que leur travail est reconnu et 63 % que leur responsable sait se rendre disponible pour les aider en cas de besoin, bien que la moitié seulement indiquent que leur responsable les aide à progresser.

Clients, prestataires : les salariés confrontés à des violences

Du côté des relations, bien que la plupart des répondants soient satisfaits de la qualité des relations avec les interlocuteurs externes, du respect mutuel avec leurs collègues et du soutien de ces derniers, en revanche, pour ce qui est de l’efficacité de l’organisation interne (répartition des rôles, procédures etc.), les salariés sont plus réservés.

Au-delà, un sujet de préoccupation se détache, puisque l’étude rapporte par ailleurs des violences récurrentes dans le cadre professionnel, 62 % des salariés d’offices affirmant y être confrontés, dont 11 % quotidiennement. Les personnes extérieures à l’entreprise (clients, prestataires…) seraient très largement responsables de cela, pointées du doigt par près de 90 % des salariés. En outre, presque 20 % des répondants indiquent être victimes de violences de la part de leur supérieur, et 10 % mettent même en cause leurs collègues.

Un taux de satisfaction plus élevé chez les managers et les cadres

On peut également noter que les hommes sont légèrement plus nombreux à indiquer un bon ressenti quant à leur travail (60 %, contre 57 % chez les femmes). Par ailleurs, les managers (à 65 %) et les cadres (à 64 %) sont les plus satisfaits, tout comme, en majorité, les salariés travaillant dans une structure de plus de 50 salariés, et les salariés exerçant à temps partiel.

Du côté des sources de satisfaction au travail, les salariés des offices de commissaires de justice affirment particulièrement apprécier le fait de savoir ce qui est attendu d’eux dans leur travail quotidien, et l’autonomie dont ils disposent. A ce titre, ils sont d’ailleurs un peu plus nombreux que dans les autres secteurs juridiques à souligner ce point.

Allison Vaslin


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