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Quelles sont les mesures du projet de loi pour développer l’offre de logements abordables ?

Quelles sont les mesures du projet de loi pour développer l’offre de logements abordables ?
Publié le 09/05/2024 à 10:21

Le texte présenté vendredi 3 mai lors du Conseil des ministres par Guillaume Kasbarian, ministre délégué au Logement, vise à apporter des solutions à la crise du logement en favorisant le développement de logements abordables. Parmi les mesures proposées, une meilleure rotation des logements sociaux, davantage de responsabilités accordées aux maires, ainsi que le durcissement du droit au maintien dans les lieux dans le parc social.

45 % des Français estiment aujourd’hui que les loyers sont excessivement élevés, et 44 % jugent le prix d'achat des logements prohibitif, selon une étude sur le logement réalisée par le cabinet Elabe en 2023.

Ce mécontentement aurait-il trouvé écho au sein du gouvernement ? Lors du Conseil des ministres de vendredi 3 mai, le ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian a présenté un nouveau projet de loi visant à encourager le développement de logements abordables, alors que le secteur immobilier traverse une crise sans précédent. En particulier, l’an dernier, 2,6 millions de ménages étaient en attente d’un logement social, soit une augmentation de la demande de 7,5 % en seulement un an, selon les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat.

Inclusion des logements intermédiaires dans la loi SRU 

Concrètement, le premier article du projet de loi vise à modifier la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) afin de favoriser la mixité sociale dans le domaine du logement. Il propose d'introduire les logements intermédiaires, destinés aux classes moyennes, dans le calcul des quotas imposés par la loi SRU.

Actuellement, cette dernière impose aux communes concernées de disposer de 25 % de logements sociaux dans leur parc immobilier, mais avec cette nouvelle mesure, « jusqu'à 25 % des objectifs de constructions neuves » pourront être constitués de logements intermédiaires.

Par exemple, sur un total de 1 000 logements sociaux, un maire aurait la possibilité d'inclure jusqu'à 250 logements intermédiaires dans son plan de construction. Ainsi, les communes accusant un retard dans leur production de logements sociaux pourraient désormais opter pour la construction de logements locatifs intermédiaires (LLI) afin de remplir leurs objectifs.

Le droit au maintien dans les lieux dans le parc social durci

Autre mesure phare du projet de loi : le durcissement du droit au maintien dans les lieux dans le parc social. Le texte prévoit que les locataires d'HLM ne pourront pas bénéficier de la reconduction de leur bail s'ils dépassent de plus de 20 % le plafond de ressources autorisé, contre 50 % actuellement. D’autre part, leur patrimoine sera également pris en compte lors de l'examen de leurs dossiers, ce qui engendrera la possibilité pour un bailleur de résilier automatiquement un bail de logement social si le plafond est dépassé de 20 % pendant deux années consécutives.

Le mécanisme du supplément de loyer de solidarité (SLS) ou surloyer est également renforcé pour les ménages en HLM dépassant ces fameux plafonds de ressources. Le seuil de déclenchement des surloyers est abaissé et les exonérations sont limitées. Avec le nouveau projet de loi, les surloyers s'appliqueront dès le premier euro de dépassement du plafond des ressources. Selon une étude d'impact du ministère du Logement, environ « 131 000 nouveaux ménages seraient concernés par la réforme du surloyer, tandis que près de 30 000 verraient leur bail résilié ».

Enfin, afin de prévenir d'éventuels abus, des sanctions seront prévues pour les bailleurs qui ne réaliseraient pas périodiquement l'examen de la situation des locataires pour vérifier leurs ressources et leur droit de rester dans le parc social.

Plus de pouvoir pour les maires dans l’attribution et la régulation des HLM

Le projet de loi souhaite conférer aux maires un rôle accru dans la gestion du logement social, notamment en leur permettant de jouer un rôle central dans l'attribution des logements sociaux neufs. Sous l'égide des commissions d'attribution de logements et d'examen de l'occupation des logements (Caleol), désormais présidées par les maires, le texte prévoit que ces derniers auront le pouvoir de classer les propositions émises par les réservataires pour chaque logement social neuf. Ils auront par ailleurs un droit de veto sur les candidatures proposées par chaque réservataire sur son contingent.

La vente de logements sociaux est également simplifiée dans le cadre du projet de loi. Actuellement, cette vente représente 50 % des ressources financières des bailleurs sociaux pour investir dans la production, mais elle est jugée trop complexe. Ainsi, le texte confie aux maires la responsabilité d'autoriser « la vente directe aux locataires du logement social, en supprimant les autorisations préfectorales et en sécurisant la gestion des copropriétés ».

Les préfets pourront en outre déléguer aux maires une partie ou la totalité de leur contingent de réservation pour les primo-attributions.

En vue de réguler le prix des terrains, « qui ont triplé en 20 ans dans les zones tendues », le projet de loi introduit un nouvel outil de préemption urbain. Ce qui vise à permettre aux maires de préempter les terrains vendus à un prix jugé excessif, suivant le modèle déjà en vigueur pour les terrains agricoles. Le texte doit également autoriser la prolongation de la durée de validité des zones d’aménagement différé (ZAD), permettant ainsi aux collectivités locales de constituer des réserves foncières pour des projets futurs.

Le projet de loi entrera au Sénat le 17 juin prochain

Le projet de loi visant à développer l'offre de logements abordables propose enfin plusieurs mesures destinées à améliorer l'accessibilité au logement. Parmi celles-ci, il est prévu de réduire les délais de recours gracieux pour des permis de construire de six à deux mois, dans le but d'accélérer la délivrance de ces permis et « d'économiser jusqu'à 3 % du prix d'une opération ».

Le texte vise également à faciliter la densification des zones pavillonnaires, notamment en modifiant les règles de majorité dans les lotissements en copropriété.

Une autre mesure notable permettrait aux locataires d'un logement intermédiaire de devenir propriétaires après seulement 5 ans, contre 18 ans actuellement. L’autorisation préfectorale nécessaire à la vente de logements sociaux serait supprimée et transférée au maire.

Cependant, le projet de loi doit encore franchir plusieurs étapes avant d'être définitivement adopté. Il sera examiné en séance au Sénat à partir du 17 juin prochain, puis à l'Assemblée nationale au second semestre 2024.

Romain Tardino

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