Le nombre d’informations adressées à
TRACFIN, principalement de la part des banques, s’est encore une fois envolé
cette année. Par ailleurs, le travail du service de renseignement a abouti à
l’identification et à l’analyse de plusieurs circuits « blanchissement de
capitaux / financement du terrorisme ».
Comme chaque été, TRACFIN a rendu son traditionnel rapport
d’activité, pour le cru 2021. Le service
de renseignement, placé sous l’autorité du Ministère de l’Économie, des
Finances et de la Relance, se concentre sur les circuits financiers clandestins
les plus marquants de l’année. Il s’adresse avant tout aux professionnels assujettis
aux obligations de vigilance et de déclaration.
Parmi les 17 secteurs assujettis à des déclarations, on
retrouve notamment les banques et établissements de crédit, les assurances, les
greffes des tribunaux de commerce, les notaires, les avocats ou encore les
experts-comptables.
43 % d’informations supplémentaires en un an
En 2021, TRACFIN a reçu 165 171 informations, soit une
augmentation de 43 % par rapport au volume reçu en 2020. La tendance à la
hausse de ces dernières années du nombre d’informations adressées au service se
confirme. 160 952 déclarations de soupçon proviennent des professionnels
assujettis (+44 %). Ce total représente plus de 94 % du flux total. Dans le
détail, le nombre de déclarations de soupçon dans le secteur financier (153
567) est en nette hausse en 2021 (+46 %). Cela représente près de 93 % du flux
total. Les banques et établissements de crédit demeurent les premiers
contributeurs avec 72 465 signalements effectués, pour un enjeu financier total
estimé à 28,2 milliards d’euros. L’activité déclarative des professions non
financières (7 385 déclarations de soupçon) est également en hausse (+19 %). Ce
mouvement témoigne de la maturité du partenariat public-privé en matière de
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
(LCB-FT).
Sur la même année, TRACFIN a transmis 3 242 notes
d’information et de renseignement (+7 %) à ses partenaires (autorité
judiciaire, administrations, services de renseignement et cellules de
renseignement financier étrangères).
Des circuits décryptés grâce à des enquêtes approfondies
Hormis les chiffres, 2021 marque l’aboutissement de la
réflexion sur le fonctionnement et l’organisation de TRACFIN pour faire face au
flux d’informations à traiter, mais aussi à la complexité croissante des
phénomènes de fraude et de criminalité financière.
TRACFIN a également abouti à l’identification et à
l’analyse de circuits « blanchissement de capitaux / financement du terrorisme
», grâce aux enquêtes approfondies par exemple sur le blanchiment des fonds
d’origine criminelle, et notamment le blanchiment du produit d’escroqueries aux
faux ordres de virement (FOVI), la détection de cas de malversations comptables
ou encore le concours au démantèlement de réseaux de distribution de contenus à
caractère pédopornographique.
Les enquêtes ont également concerné les atteintes aux
finances publiques couvrant à la fois la fraude fiscale, la fraude sociale et
la fraude douanière, mais également le détournement, à des fins d’escroqueries,
de dispositifs d’aides publiques et fiscales. En 2021, les enjeux financiers
présumés des notes d’information envoyées aux services de lutte contre la
fraude ont augmenté par rapport à l’année 2020 pour atteindre 853 millions
d’euros.
En outre, TRACFIN s’est concentré sur la prévention du
terrorisme, de la criminalité organisée, et de la protection de nos intérêts
économiques. Grâce aux capteurs financiers et aux techniques de renseignement
auxquelles il a accès, le service de renseignement a pu apporter une expertise
spécifique aux services partenaires avec
lesquels il coopère dans le cadre de l’animation du Coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme.
Dernier point dans le viseur : l’anticipation des
risques de « crypto-blanchiment ». En la matière, l’attention des crypto-actifs
s’est notamment portée en 2021 sur le suivi des flux financiers issus
d’attaques informatiques par rançongiciels.
Un rôle de contribution
TRACFIN
s’est par ailleurs engagé au niveau européen dans le cadre des négociations des
textes visant à renforcer les règles de l’UE en matière de lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Ces travaux
permettent de soutenir l’alignement des États membres sur la réglementation
française en matière de transparence des transactions en crypto-actifs.
Enfin,
en tant que service de renseignement et coordonnateur de la Task force Russie
mise en place en mars 2022 par le ministre en charge de l’Économie et des
Finances, il a contribué aux actions d’entraves et de sanctions administratives
et judiciaires dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.